« RIEN NE VAUT UNE VIE :  UN SLOGAN CREUX »

« RIEN NE VAUT UNE VIE :  UN SLOGAN CREUX »

« RIEN NE VAUT UNE VIE :  UN SLOGAN CREUX »

Une réflexion après le COVID 19

 

  1. INTRODUCTION

Il y a un peu plus de trente-cinq mois que le virus COVID 19 a été signalée en Chine et particulièrement dans la ville de Wuhan.

Aujourd’hui on peut dire que tous les pays à travers le monde, à des degrés divers ont été affectés par cette pandémie. Les quelques résurgences signalées çà et là et particulièrement en Chine sont traitées de façon isolée et ne bénéficient plus de larges communications médiatiques comme celles observées dès les 20 premiers mois de la pandémie. Tout laisse à croire que le mal est désormais derrière nous ou plutôt qu’il faut désormais faire avec.

C’est ainsi que la plupart des pays, les campagnes de tests se sont estompées ; elles ne sont plus obligatoires, des pass santé on est revenu au pass vaccin et depuis un certain temps pas de pass du tout ; les masques ont pratiquement disparu, et les mesures barrières (distanciation sociale, lavage des mains, …) sont peu ou presque plus pratiquées.

La grosse agitation qui a entouré la lutte contre la pandémie n’a plus de place, les activités socioéconomiques se remettent en place avec plus ou moins de rapidité selon les secteurs. Il est encore très tôt pour faire un bilan mais de nombreuses questions ou interrogations surgissent à l’analyse de ce que nous avons vu et vécu au cours de ces 35 derniers mois. Sans être exclusif et pour le cas du Cameroun nous relèverons les questions ci-après :

  • Que vaut le Slogan “Rien ne vaut une vie” ?
  • La communication gouvernementale sur la Pandémie a-t-elle été efficace ?
  • L’OMS, les scientifiques et chercheurs du domaine de la santé méritent-ils encore notre confiance ?
  • Les critères actuels de performance des entreprises privées ne devaient-ils pas changer ?

Nous examinons dans ce premier article la sincérité de la société quand elle déclare que la chose la plus importante est la vie : Ceci à travers le slogan

“RIEN NE VAUT UNE VIE”

 

  1. LA VACUITE DU SLOGAN “RIEN NE VAUT UNE VIE”

Tous les jours des centaines de milliers de personnes meurent et les milliers d’entre-elles meurent sans aucune clameur ni considération. La pandémie Covid 19 est venue mettre en évidence que non seulement la mort physique ne préoccupait pas tant que ça, mais aussi la mort de l’être tout entier à savoir son corps, son âme, son esprit.

2.1. Rien ne vaut une vie : La vie du corps

Nous commencerons par la santé de l’être (vie du corps) qui préoccupe ou devrait préoccuper tous les humains. Si rien ne vaut une vie, alors prendre soin de la santé des individus devrait être une priorité de premier rang. Tel ne semble pas être le cas quand on voit l’importance relativement faible accordée tant au personnel de santé qu’aux infrastructures hospitalières.

2.1.1. Considération du personnel de santé

Face à la pandémie et du nombre croissant de façon vertigineuse de contaminés et de mort, le monde entier s’est retourné vers ceux qui pouvaient apporter une solution pour sauver les vies (corps) à savoir les chercheurs pour trouver un vaccin, les médecins et l’ensemble du corps médical pour prendre en charge les contaminés. Les médecins et le corps médical se sont impliqués dans la lutte au risque de leurs vies (certains en sont morts). Ils ont reçu de nombreuses félicitations mais tout laisse à croire que ceci ne va pas changer de sitôt l’importance accordée à cette catégorie de personnes qui travaillaient à éviter la mort physique.

Tout ceci a permis entre autres de mettre en évidence que des salaires des infirmiers et autres auxiliaires étaient à peine supérieurs au SMIC. SI la vie était importante, comment pourrait-on comprendre que les personnes qui travaillaient dans les activités de divertissement (football, basket, formule 1, cinéma, média.) aient des salaires et autres revenus 10 à 2000 fois supérieurs à ceux des chercheurs en Sciences de la santé, des médecins, infirmiers et autres auxiliaires qui prennent en charge les malades ? Les salaires sans l’industrie du luxe et du divertissement font rêver les jeunes et ceux qui vont dans le domaine de la santé y vont par passion ou par défaut de où aller.

Cette sous valorisation du personnel de santé et des chercheurs en médecine est tout simplement une sous valorisation de vie et va donc à l’encontre du slogan rien ne vaut la vie. Des nombreuses compromissions ont été observées çà et là à travers le monde et même au niveau de l’OMS, visant à travestir des résultats de recherche pour faire admettre une solution thérapeutique ou pour faire interdire une autre. Ces chercheurs et scientifiques malveillants reprennent dans leurs discours au quotidien que “Rien ne vaut la vie”.

Au Cameroun, un médecin (bac +7) à un revenu inférieur à celui d’un sous-officier de police et nettement inférieur au revenu (salaire et avantage) d’un diplômé de l’ENAM.

D’autres mesures prises ont fortement démenti que l’argent ou le revenu avait plus d’importance que la vie (corps). C’est le cas de l’ouverture des bars en pleine pandémie pour continuer à vendre des boissons alors qu’il y était impossible d’appliquer les mesures barrières (port du masque ou distanciation sociale), tout cela démontre que ”Rien ne vaut la vie”. C’est un leurre.

2.1.2. Les infrastructures hospitalières

La pandémie a mis en évidence que dans presque tous les pays du monde, le budget affecté aux équipements et infrastructures hospitaliers, à la recherche et à l’innovation dans le domaine de la santé n’était pas en alignement avec le slogan “Rien ne vaut une vie. On a ainsi observé des difficultés réelles voire l’incapacité des systèmes de santé considérés comme performants (à l’image de celui de la France) à contenir l’expansion de la contamination, à encadrer et prendre en charge les personnes infectées et à éviter les pertes en vie humaine (près de 30 000 en France en trois mois).

Au Cameroun en particulier la pandémie a permis de voir la très faible qualité des plateaux techniques des hôpitaux : Plusieurs hôpitaux ne disposent même pas d’un seul défibrillateur, encore moins d’appareil d’assistance respiratoire. Pendant plus de deux mois un seul laboratoire basé à Yaoundé était capable de réaliser les tests.

Les malades ont déserté les hôpitaux retenus pour le traitement du Covid parce que ces hôpitaux étaient incapables de mettre en place une organisation efficace pour prendre en charge les contaminés et pour assurer la non-contamination de ceux qui viendraient à l’hôpital pour d’autres maladies.

2.2. Rien ne vaut une vie : La vie de l’âme (intelligence)

L’âme et/ou l’intelligence et que certains appellent esprit est ce qui donne la vie à notre corps (souffle) l’animation. Donner de l’importance à la vie, c’est s’assurer que l’homme est en bonne santé, mais aussi que ce dernier a les capacités, les aptitudes et compétences pour prendre soin de lui-même et apporter sa contribution au développement de la société.

Parmi ceux qui peuvent aider cet homme-là à disposer du savoir, du savoir être et du savoir-faire, il y a l’enseignant, l’instituteur, le professeur du Lycée, au Professeur d’université et les autres formateurs et encadreurs. Le traitement réservé à ces différentes catégories de personnes dans ce monde et au Cameroun en particulier démontre bien que le slogan “Rien ne vaut une vie” est bien un slogan creux.

En effet si nous regardons aux salaires de ces derniers au Cameroun on constate que

  • Les instituteurs ont un salaire qui ne leur permet pas de vivre aisément. (le dernière grève des enseignants au Cameroun a bien mis en évidence le peu de considération donnée aux institutions et autres)
  • Les professeurs de lycée discutent le bus avec leurs élèves
  • Les chargés de cours à l’Université multiplient les heures complémentaires pour grossir leurs revenus

Parlant du Cameroun en particulier, le système mis en place dans l’administration scolaire et universitaire favorise les fonctions administratives plutôt que celles d’enseignant et formateur. C’est ainsi qu’on observe une ruée de ces enseignants vers les postes administratifs qui sont très loin de ce qu’ils savent faire. Si on se prive ainsi des ressources indispensables pour un meilleur enseignement on ne saurait dire que rien ne vaut une vie, la vie de l’âme.

2.3. Rien ne vaut une vie : Esprit

L’esprit, il ne s’agit pas de l’âme mais de la composante qui relève qui du divin et ne saurait être influencée par une pandémie quelconque. Par contre les relations de l’homme avec le divin que sont les religions et autres formes de moyens développés par l’homme pour entrer en relation avec le divin ont été affectées sans qu’on ne dise que “rien ne vaut la vie esprit”.

C’est ainsi par exemple que les maisons du culte et autres lieux de prières ont été fermés aux adeptes sans se préoccuper de comment ils devaient entrer en relation avec leurs divinités. C’est ainsi que les cérémonies qui entourent les morts pour leur assurer “une vie après leur mort” ont été interdites. Dans ces conditions peut-on dire que “Rien ne vaut une vie” ?

En conclusion si vraiment « Rien ne vaut une vie », on devrait rencontrer une meilleure considération du personnel de santé, une meilleure considération pour les enseignants, et une meilleure considération pour ceux qui permettent à l’être humain d’être non seulement corps et âme mais aussi corps, âme et esprit.

 


* Quotidien Mutations N° 5673 du Vendredi 23 Sept 2022

Par Dr FANSI

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Comments (1)

  • Gilles Répondre

    Intressant

    27 septembre 2022 à 9h01

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